Une nouvelle ère

L’Organisation Mondiale du Commerce a permis le développement des échanges internationaux depuis 23 ans. Avec la fin des cycles du GATT en 1993, elle a pris la dimension d’un organisme international reconnu. L’existence de l’OMC a contribué à la signature de nombreux accords mondiaux ; son objectif étant clairement de faciliter le libre échange des marchandises et de permettre ainsi de stimuler la croissance mondiale au bénéfice de l’ensemble de l’économie planétaire.

Ainsi depuis 23 ans, le PIB mondial a doublé et malgré de fortes disparités fiscales et sociales, l’OMC a favorisé la croissance des pays émergents et l’enrichissement d’une partie des populations. Mais le libre échange des biens et services se heurte à des résistances très fortes que sont les Etats et leurs propres règles. Cela devient une cible facile des gouvernements pour justifierla perte de compétitivité de leurs industries et les conséquences que représentent la montée du chômage et les délocalisations.

Le protectionnisme conduit ainsi à des guerres commerciales souvent dévastatrices. Comme précédemment évoqué dans les récentes publications, la guerre entamée par les Etats-Unis est brutale et vise des pays identifiés comme ayant un fort impact sur le déficit commercial américain : le Mexique, le Canada, la Chine, l’Allemagne, etc…Les pays comme le Mexique ou la Chine tentent de gérer le conflit en instaurant des accords bilatéraux en dehors de l’autorité de l’OMC qui reste utopique face au géant américain.

L’Europe est dans une position de faiblesse et tente de parler d’une seule voix par l’intermédiaire de Monsieur Junker mais les intérêts de chaque Etat sont discordants ; le dossier de l’automobile en est l’exemple. La capacité de l’Europe à négocier est réduite et le risque de déstabilisation est fort. Un environnement commercial de plus en plus restrictif est lourd de conséquences compte tenu des liens entre commerce, investissement et productivité.

Les perspectives économiques pour les prochains mois dépendent avant tout des changements de politiques commerciales, de la solidité du monde financier international et des secousses géopolitiques inattendues. La crise migratoire majeure à laquelle on assiste depuis plus d’un an attise les tensions géopolitiques et favorise l’émergence de mouvements populistes puissants qui se réfugient dans des politiques unilatérales et isolationnistes.

Dans ce contexte de tension extrême, les banques centrales nous annoncent un durcissement de leur politique monétaire et des retraits soudains de capitaux. La normalisation des politiques monétaires pourrait conduire à un accroissement de l’aversion au risque. La forte valorisation de certains actifs financiers pourrait se dégonfler rapidement si le pilotage monétaire n’est pas orchestré par les banques centrales.

Les risques peuvent toutefois être contrebalancés par une situation économique plutôt favorable que l’on perçoit au sein des grandes puissances occidentales. L’investissement a rebondi un peu partout dans le monde et la relative stabilité dans laquelle on se trouve permet aux entreprises d’orienter leur stratégie à long terme vers une croissance plus durable.

Dans le secteur public comme dans le secteur privé, on s’interroge sur les changements sociaux, environnementaux et climatiques. Ces transformations créent des opportunités de renforcement des politiques écologiques et sociales. Les entreprises qui dégagent des résultats records au premiers semestre 2018 orientent progressivement leurs investissements vers des produits plus respectueux de la planète. Le développement durable est ainsi devenu un axe de croissance qui se traduit par une intensification des investissements en R&D et un nouveau discours commercial des entreprises.

Ainsi, malgré l’intensification de la guerre commerciale, le consommateur retrouve son pouvoir d’arbitrage et sélectionne désormais de plus en plus les biens et services selon des critères autres que ceux du simple nationalisme. La guerre commerciale pourrait ainsi être freinée par des facteurs indépendants de la simple volonté des gouvernements.

Les marchés financiers ont apprécié au mois de juillet les publications de résultats supérieurs aux attentes et enregistrent une belle progression. Pour autant, ils sont restés sélectifs et le choix des secteurs et des titres a été déterminant dans un contexte où un fond d’optimisme se traduit malgré tout dans la très bonne tenue des indices boursiers.

Le niveau absolu des indices européens offre encore des opportunités si on tient compte de la richesse créée par les entreprises au cours des dernières années. La balle est désormais dans le camp des banques centrales qui, par une bonne maîtrise de la normalisation monétaire peuvent éviter une secousse trop forte des marchés qui ferait fuir une nouvelle fois les investisseurs particuliers.