Un virus qui fait trembler l’économie mondiale

Alors que les économistes redoutaient les impacts de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, ceux du Brexit, ceux des tensions géopolitiques et ceux de la campagne électorale américaine sur l’évolution des marchés, c’est un virus qui les fait lourdement chuter entrainant avec eux le risque d’un affaissement brutal de la croissance mondiale

Cela faisait des semaines que les indices boursiers enchaînaient les records malgré de mauvaises nouvelles économiques, avec un ralentissement de la croissance un peu partout dans le monde, malgré de mauvaises nouvelles géopolitiques et malgré un ralentissement marqué de la croissance des bénéfices des entreprises.

Dans un rapport publié lundi 2 mars, l’OCDE revient sur les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus sur l’activité et revoit ses prévisions de croissance pour 2020 nettement à la baisse. L’’économie mondiale devrait croître cette année à son rythme le plus faible depuis la crise financière il y a plus de dix ans, poussant les gouvernements et les banques centrales à ‘agir pour éviter un impact encore plus important.

L’économie mondiale devrait progresser de seulement 2,4% (contre 2,9% attendus en début d’année) en 2020, son taux le plus faible depuis 2009.Cette prévision est basée sur l’hypothèse d’un pic de l’épidémie de coronavirus en Chine au premier trimestre 2020 et d’une propagation contenue dans le reste du monde. Le scénario catastrophe également présenté dans le rapport de l’OCDE est beaucoup plus alarmiste mais il ne constitue pas le scénario central.

Les banques centrales devraient fournir aux marchés financiers, qui ont connu au cours de la dernière semaine de février leur plus forte baisse depuis 2008, des signaux rassurants sur leur volonté et leur capacité d’assouplissement de leur politique monétaire et à apporter des liquidités aux banques si nécessaire.

Pour autant, les banques centrales ont déjà épuisé une grande partie de leurs munitions.

Les taux sont déjà très négatifs, Il va donc falloir faire appel à de nouvelles armes comme la relance budgétaire. L’Union Européenne a déjà annoncé que les dérapages budgétaires seraient tolérés. Afin que les Etats puissent mettre en place des politiques de prévention sanitaire et de soutien à l’économie.

La mondialisation, c’est à dire la fabrication de produits industriels dans des chaînes de production internationales, est impactée. Le coronavirus affecte l’économie mondiale de différentes manières. Avant tout, il entraîne un choc d’offre en perturbant les chaînes de production, qui passent en grande partie par l’Asie.

Le virus provoque aussi un choc de demande, les consommateurs étant de moins en moins présents dans les magasins, annulant leurs projets de loisir etc.

Tant l’offre que la demande sont par conséquent affectées par la crise venue d’Asie et sa durée probable la rend dangereuse pour une zone Euro dont la croissance moyenne était d’ores et déjà assez faible.

En moins de trois semaines, la conjoncture a totalement changé. Nous sommes désormais face à un triple défi qui concerne l’offre, la demande et l’investissement.

De son côté, la Banque de France envisage un ralentissement de la croissance. La croissance française en 2020 sera, dans le meilleur des cas, à +0,9% alors que les pouvoirs publics continuent d’afficher une hausse attendue de 1,3% du PIB.

La Chine, berceau de la maladie, est également l’épicentre de la crise économique. La Chine est, de loin, le premier exportateur mondial. En janvier, ce pays qui pèse pour 18 % de l’économie mondiale, a divisé quasiment par deux son activité. La crise a bloqué les usines dans de nombreuses régions, ainsi que les transports, mais elle est aussi très forte dans tout le secteur des services, devenu le moteur économique du pays (60 % de sa richesse).

Dans l’industrie pharmaceutique, 80% des principes actifs des médicaments viennent de chine. Dans l’automobile, General Motors, BMW, Toyota, PSA, … fabriquent en grande partie en Chine. Dans le textile, les pertes sont déjà évaluées à plusieurs centaines de milliards. Dans l’électronique : Apple affiche du retard et Nintendo ne tient plus ses délais sur sa nouvelle console. Le luxe, la banque, le tourisme, le transport aérien sont également des secteurs très affectés par le fort ralentissement en Chine

Face au risque de ralentissement mondial, la Chine a commencé à réagir. Le gouvernement de Xi Jinping a décidé de reporter à une date ultérieure la publication de plusieurs statistiques économiques, notamment les chiffres du commerce.

Le 17 février, la Banque de Chine a baissé ses taux d’intérêt. Objectif : encourager les établissements bancaires à accorder plus facilement des crédits aux entreprises touchées par les conséquences économiques du Coronavirus. Dans le même temps, les services fiscaux chinois s’apprêtent à étaler le paiement des impôts sur les sociétés pour que ces dernières ne soient pas à cours de liquidités.

La BCE par la voix de sa directrice Christine Lagarde envisage des mesures qui devraient être annoncées le 12 mars. L’institution pourrait choisir de baisser davantage son taux sur les dépôts excédentaires, actuellement fixé à -0,50%. Elle pourrait aussi augmenter ses achats d’obligations sur le marché, le fameux « QE » qui a repris depuis novembre dernier au rythme de 20 milliards d’euros par mois. Elle pourrait également assouplir encore les conditions des prêts géants bancaires, appelés « TLTRO » avec comme objectif de soutenir les ETI et les PME durement affectées par le coronavirus.

De son côté, le président américain réclame l’intervention de la Banque centrale des États-Unis pour soutenir l’économie menacée par l’épidémie du coronavirus.

Donald Trump, qui espère être réélu pour un second mandat à la Maison Blanche, a admis que l’épidémie empêcherait sans doute la croissance américaine d’atteindre 3% en 2020, ce qui est pourtant l’un de ses principaux arguments dans la course à la Présidence.

Jerome Powell a publié un communiqué de presse dans lequel il juge que « les fondamentaux de l’économie américaine restent solides », bien que « le coronavirus pose un risque croissant pour l’activité économique ».

Toutefois, alors que tous les marchés pariaient sur une baisse des taux lors de la prochaine réunion de la Fed les 17 et 18 mars, la FED les a devancés et a annoncé le 3 mars une baisse des taux de 50 bps et cela sans véritable concertation avec les autres banques centrales.

Rendre le crédit moins cher permet d’encourager la consommation pour soutenir ou relancer l’économie. Aux États-Unis, la consommation des ménages représente, à elle seule, 70% du PIB.

Les marchés vont être attentifs à toute autre annonce qui sera faite et qui visera à atténuer les effets négatifs du virus sur l’économie mondiale.

La BCE a officiellement décidé de ne pas bousculer son calendrier et prendra des décisions lors de sa réunion du 12 mars. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a déclaré lundi que la banque centrale serait prête à prendre des mesures « ciblées » si nécessaire. L’évolution de l’épidémie dans les prochaines semaines sera déterminante pour l’économie mondiale