Dans le cadre d’une démarche philanthropique, une famille ou un chef d’entreprise peuvent être amenés à financer des associations ou des structures diverses ayant pour objectif de répondre à des besoins d’une certaine partie de la population. Que ce soit dans le domaine social, culturel ou de la santé, le financeur attend aujourd’hui de la structure à laquelle il offre sa contribution qu’elle réponde à un certain nombre de critères et qu’elle offre une transparence nécessaire à l’évaluation d’impact.

L’utilité sociale d’une action est difficile à identifier et à évaluer. Or, dans la durée, le philanthrope doit pouvoir quantifier son apport à la société. La mesure d’impact de l’action menée est nécessaire pour toute implication sur le long terme d’un financeur.

Accompagner un chef d’entreprise ou un groupe familial dans une démarche philanthropique ne s’arrête pas à l’aider à choisir la structure à financer répondant au cahier des charges préétabli. Le rôle du conseil consiste également dans le suivi de la mesure d’impact.

Quatre critères doivent être régulièrement évalués :

  • L’intérêt du projet. Répond-il à un besoin d’un certain type de population ou à celui d’un territoire ? L’action menée cible-t-elle bien ce besoin ?
  • L’optimisation économique du projet. Il convient dans cette phase d’analyser la répartition effective du financement et de juger de la création de valeur résultant de ce financement.
  • Le résultat obtenu par rapport aux objectifs. Il s’agit d’établir si les objectifs anticipés étaient réalistes et ce qui doit ou non être corrigé afin d’accroître l’efficacité des actions menées.
  • L’impact du projet. Cela s’analyse principalement sur le long terme. Le projet a-t-il un réel impact sur la vie des populations ou du territoire ciblés ? Observe-t-on un réel changement ?

Cette démarche d’évaluation a pour objet principal d’instaurer un climat de confiance entre la ou les structures et projets financés et le philanthrope, condition indispensable à la pérennité de l’action entreprise.

Pour établir un diagnostic de l’utilité sociale d’un projet, il faut, en amont de ce projet, prédéterminer les objectifs, la méthode et les actions mises en œuvre pour leur réalisation et calibrer également les moyens nécessaires à déployer.

Le suivi d’une action nécessite un reporting régulier pour adapter les moyens et corriger la mise en œuvre afin de ne pas dévier des objectifs. Les facteurs temps et coûts doivent faire l’objet d’une grande vigilance en lien avec la structure financée dans le cadre d’un contrat de confiance réciproque. Le pilotage des actions est mené par la structure financée ; elle répond des avancées auprès du philanthrope financeur.

Des étapes dans l’élaboration du projet doivent être prédéfinies et leur achèvement sera audité afin de déclencher la poursuite du financement. Des critères objectifs quantitatifs et qualitatifs doivent être fixés en amont afin d’apprécier chaque étape. Ces indicateurs varient en fonction de la nature du projet soutenu. Ils sont bien différents s’il s’agit de financer un projet sportif, culturel ou d’insertion sociale. Un suivi « chiffré » n’est pas suffisant.

Un projet d’utilité sociale doit également faire l’objet d’une appréciation qualitative qui permet au philanthrope d’établir un dialogue avec les structures soutenues et d’envisager la poursuite du financement.

Si, par l’intermédiaire d’une fondation ou d’un fond de dotation, plusieurs projets sont financés, il conviendra de déterminer pour chacun des objectifs et des critères d’impact pour établir des études dédiées spécifiques.

Selon les domaines financés, le rythme de concrétisation des objectifs peut être plus ou moins rapide (la recherche médicale nécessite des délais plus longs pour aboutir aux résultats fixés que la construction d’une médiathèque).

Certaines autres causes sont très difficiles à quantifier à court terme et pour autant les actions menées conduisent à un réel changement (les actions environnementales n’auront un réel impact que, pour certaines d’entre elles, d’ici quelques années voire décennies).

Cette démarche d’évaluation des projets financés par un ou plusieurs philanthropes impose également que des moyens soient alloués à ces études régulières et que celles-ci soient suivies d’un reporting dont la fréquence doit être prédéterminée. Des ressources et des compétences sont nécessaires pour sélectionner, suivre, et évaluer un projet en lien avec la structure financée.

La demande de résultat est le corollaire d’un financement décidé par un philanthrope. Les philanthropes ont une vision de plus en plus professionnelle de leur engagement. Ils attendent de la structure ou du projet qu’ils financent des comptes rendus réguliers qui renforcent la légitimité de leur démarche.

Cette démarche philanthropique de long terme devra nécessairement être conseillée et accompagnée ce qui implique un échange régulier avec l’ensemble des parties prenantes. Le conseil (family officer) est une courroie de transmission permettant cette mise en relation entre le philanthrope et les porteurs de projets.

Evaluer l’impact d’une démarche philanthropique est un des rôles du family officer.